samedi 9 décembre 2017

À boire et à manger

Un passage express en métropole m'a permis de passer à Angers et de découvrir une ville ou pas mal de bars à vins sont vraiment tournés vers des vignerons qui veulent faire des vins authentiques et sans artifice. Je ne vais pas vous faire l'article de la totalité de ces lieux car il suffit d'aller sur la très intéressante application RAISIN pour en faire le tour mais je vais m'arrêter sur celui qui m'a le plus marqué.
À boire et à manger, oui c'est le nom du bar à vin et ça tombe bien puisqu'on y boit des supers canons et qu'en plus les assiettes de charcuterie et fromage sont délicieuses. Des produits sélectionnés qui sont de grande qualité comme le Brillat-savarin aux truffes ou bien un filet mignon séché à l'origan qui ne demande qu'a réveiller vos papilles.
Et le vins alors?
Et bien la cave est majoritairement orientée vers la Loire bien sûr mais pas que.
J'ai pris pas mal de plaisir sur un 100% grolleau de Thomas Batardiere
La bouche est fraîche mais la matière est bien là et surprenante pour une cuvée issue de ce seul cépage emblématique de la Loire qui peut donner des choses plus qu’intéressantes lorsque le vigneron veut s'en donner la peine.
Et c'est le cas de cette cuvée AMOR FATI car les rendements sont sous les 30hl/ha. Les tannins qui demandent encore un peu de temps laissent entrevoir de belles choses pour un vin bien mûr, avec un goût intense et une vraie personnalité. Un vigneron à suivre de très prés car il bichonne à peine 4 hectares du coté de Rablay-sur-Layon.
Sur la clef des champs, la cuvée à majorité de grenache d'Elodie Aubert, c'est l'extrême finesse qui domine et vous envahit pour plusieurs jours. Comme en plus ce vin à la puissance maîtrisée ne demande qu'a dévoiler une belle complexité avec des fruits noirs mures qu'un fil d'acidité très fin étire sur la longueur, c'est vraiment du bonheur !!! L'élevage d'un an en barriques ouvertes ne cache pas le fruit et c'est là que je dis Chapeau Madame la Vigneronne.
J’espère que lors de mon prochain passage du coté du Ventoux, j'aurai un petit moment pour passer au Clos des cimes, histoire de connaître un peu mieux ce domaine en polyculture où les brebis gambadent.
Voilà pour les vins qui peuvent vous régaler et quand je vous aurais dis qu'en plus le ''chef'' de cette cave, Alexandre, a un sens du partage de sa passion assez aiguisé, vous ne pourrez que courir vérifier par vous même... enfin si vous passez par Angers car si comme moi vous êtes à quelques centaines ou milliers de kilomètres, il vous faudra certainement vous endormir avec quelques mots de ce billet sous l'oreiller pour qu'ils vous emmènent peut être lors d'un rêve vinique vers un repaire aux casiers remplis de vins délectables qui se boivent jusqu'a la fin de la nuit ... Eh, mais j'entends déjà un bouchon qu'Alexandre extirpe de cette cuvée solidaire "la part de l'orage" ...... non non, juste deux doigts. Merci, après je vais être obligé de tout boire !!!



samedi 19 août 2017

Trois mots pour un vin: 100 pour 100

La cuvée 100 pour 100 sur 2014 du Domaine de Quissat de Rémy Delouvrié porte très bien son nom avec l'impression dès le départ d'avoir juste mis des raisins dans la bouteille et point.
Le merlot (75%) et le cabernet franc (25%) composent ce vin.
Le premier mot qui me vient aurait pu aussi être le nom de la cuvée: "Comme avant". C'est vraiment l'expression d'un vin comme, j'imagine, on pouvait le faire il y a 50 ans, lorsque les papés de maintenant travaillaient leurs vignes sans produit de synthèse et que tout se faisait naturellement à la cave.
A l'ouverture, Le nez dégage un coté épicé avec le poivre.
La pistache et la noisette l'accompagnent, le tout sur une base de fruits rouges écrasés avec comme un brin d'air frais dans le verre pour donner un bel équilibre à l'ensemble.
En bouche c'est l'authenticité même, avec un petit coté rustique apporté par des tannins qui vont s'assouplir au fur et à mesure que le vin va prendre l'air. La matière est bien présente avec de la richesse.
De très beaux amers vont venir après 1 heure et ce vin vivant va devenir très complexe grâce à l'arrivée de la craie, une gomme blanche par moment et un coté poudré. C'est aussi très intense et ça m'embarque dans un puits en plein milieu des vignes. Le seau va puiser tout au fond non pas de l'eau mais la quintessence de ce que le sol renferme !!!
Le lendemain la bouche est soyeuse et dense à la fois avec une acidité tout en touché qui étire le vin sur la longueur.
Une cuvée qui apporte beaucoup de plaisirs et vous donne une vraie idée de ce que peut être un vin sans artifice qui ne demande qu'a être bu sans retenue...


mercredi 10 mai 2017

"Rencontres" avec Didier Gerin

J'ai rencontré Didier Gerin il y a quelques jours et je dois dire que ce vigneron est plein d'idées. Par contre il n'a pas d'idées reçues bien au contraire car c'est plutôt quelqu'un d'ouvert qui a l'air toujours prêt à écouter ou essayer des choses à partir du moment ou elles respectent la nature.
Il paille ses vignes qui sont parfois sur des pentes avoisinant les 70% de dénivelé et utilise la confusion sexuelle, une méthode de lutte biotechnique qui perturbe l'activité sexuelle des ravageurs de la grappe et limite ainsi les eudémis et les cochylis (ver de la grappe ou tordeuse). Ses vinifications se font sans rien ajouter aux raisins qu'il se contente de faire fermenter naturellement sans la rafle. Il est très sourcilleux de ses sols et avoue goûter parfois la terre mais sur ce coup là je le suis sans problème puisque je concède m'y être aussi essayé ...
Son prochain "concept" est vraiment intéressant et fait pas mal réfléchir. C'est une vinification dans des amphores ouvertes et semi-enterrées au milieu des vignes, pour que tous les pieds puissent "voir et ressentir" le chemin de leur vie. De la naissance dans la terre grâce à leurs racines jusqu’au stade final avec ce jus qui devient du vin en plein air, là ou les raisin ont pu s'épanouir. Un chemin de vie qui forme une boucle en se referment sur lui même...
J'ai hâte de voir ce que cela pourrait donner.

Sinon j'ai aussi rencontré ses vins avec en premier lieu son vin de pays qui est une vraie petite bombe de fruits frais qui vous emmène sur les chemins de la gourmandise avec beaucoup de justesse. Un assemblage de cinq cépages qui donne envie de boire du vin sans retenue.
Et puis j'ai goûté La soute est Reine 2009, son Cote rôtie.
On situe tout de suite ce vin dans son appellation d'origine mais on a aussi tout de suite l'identité du vin nature avec un nez plein qui est légèrement viandé. C'est complexe avec des groseilles, le chocolat noir, le poivre, des baies de genièvre et une belle pistache.
La bouche est construite sur l'acidité avec une légère texture granuleuse qui n'empêche pas le vin d'avoir de la classe.
Les pages d'un livre tournent lentement à mesure que le vin s’épanouit en bouche.
On y retrouve légèrement le poivre, une belle rétro sur la pistache ......et par moment un côté terreux passe pour aussi s'inviter dans mon verre.
Après une heure, une rétro sur le cigare m’emporte complètement avec un animal au corps de cheval et à la tête d'aigle qui plane au dessus de magnifiques vignes grâce à d'énormes ailes blanches qui lui donnent une dimension phénoménale. Sa présence donne à ce "tableau" naturel et paisible une grandeur majestueuse .
Cette cuvée fait partie des vins qui peuvent vous marquer et j'ai déjà hâte de la rencontrer sur un autre millésime.
Didier Gerin est certainement un vigneron référence en vin qui se rapproche le plus possible de la nature et j’espère pouvoir lui rendre visite un jour pour voir ce que sa passion donne aux vignes.








dimanche 19 février 2017

Trois mots pour un vin: "l'ivraie"

Je viens de découvrir une sacrée bouteille, L'ivraie de Jérôme Jouret.
C'est un assemblage d'ugni, de viognier et de clairette.
Comme je n'avais jamais goûté de vin de ce vigneron, pas d'à priori mais juste mes impressions brutes du vin dans le verre.
Je vais commencer par la bouche pour une fois parce que c'est ce qui marque le plus sur cette cuvée.
J'ai pris d'entrée une grosse claque avec une "explosion de peps" qui reste sur toute la longueur du vin, et comme ça dure un bon moment, j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir.
Un peu de gras apporte un beau volume pour donner à l'ensemble une dimension incroyable, un vin intense.

Le coté "nature" (ou libre, ou pur pour les réfractaires à ce terme pourtant si bien approprié) ne se cache pas mais apparaît juste par moment avec l'impression d'avoir un jus sortie de cuve puis l'instant d’après ... le vin bascule sur quelque chose de plus classique avec cependant une texture emprunte de classe. Très surprenant !!!
Quant au nez, avec une trame de gingembre qui sert de "plateau" au reste, il développe pas mal d’arômes qui se succèdent ou s'entremêlent: des fleurs blanches, avec le muguet en tête, un concentré d'orange amère tout en touché, le melon, l'amande douce, la pomme et aussi un coté contrasté entre mordant et délicatesse qui évoque la bouche et vous embarque à l'intérieur d'une grosse bulle de douceur dont la paroi épineuse est inoffensive puisqu'elle est juste là pour vous caresser de toute cette palette d'effluves aromatiques.
Les presque 13° de cette cuvée passent complètement inaperçus, emportés par la fraîcheur qui apporte à ce vin très vivant de la fluidité, l'impression que ça coule ... comme de l'eau.
Une très belle découverte donc que ce vin Ardéchois qui s'exprimait pleinement sur la belle assiette de thon albacore mi-cuit et fumé que Jehan Colson proposait hier midi sur la carte
de La Fabrique.
Un vin à boire sans aucune modération !!!



samedi 7 janvier 2017

Le bonheur est dans la vigne ... ou aux caves du soleil

Le bonheur est dans la vigne ça c'est sur et en plus ça sonne comme un titre de roman. Enfin c'est sur mais ça c'était avant ..... avant mon départ pour La Réunion et donc des copains vignerons qui se retrouvent bien loin du coup, à quelques 11 000 kilomètres ...
Alors comme je vous en avais parlé il y a quelques semaines mon tour des cavistes de l'île m'a fait tomber sur Franck, aux caves du soleil.
Dès que je suis rentré dans cette cave, j'ai su que ça pourrait être l'endroit où je viendrais me ressourcer et où le mot vigneron prend tout son sens. Des cuvées qui m'étaient familières de Vincent Caillé, Marc Kreydenweiss ou Fabien Jouves cotoyaient d'autres que je n'allais pas tarder à découvrir comme le triple zéro de Jacky Blot ou bien les rosés du domaine Saint André de Figuière.
Et puis le discours sans détour de Franck qui colle aux idées que j'ai sur le monde du vin à tout de suite fait que le courant est passé entre nous. Ensuite il y a la cerise sur le gâteau avec les menus qui jalonnent la quinzaine de couverts que la cave peut accueillir le midi. Franck a tourné dans quelques cuisines étoilées et du coup ses assiettes sont délectables, surtout ses Risotto. Celui de la semaine dernière, qui est en photo, m'a encore enchanté car il était à l'encre de seiche et accompagnait des Saint Jacques juste poêlées à souhait. Une petite touche de folie avec une feuille d'ail des ours ponctuait le tout délicatement.
En plus son épouse Corinne n'est pas sans intention lors du service ce qui fait que j'y est déjà mangé une dizaine de fois pour autant de régalades.

Ce jour là on avait accompagné le tout d'une nouvelle cuvée de la cave, "primitif" du domaine savoyard Giachino. C'est un vin issu du cépage Jacquére qui tire juste un peu plus de 10 degrés. Avec si peu d'alcool j'avais peur que ce soit trop mou ou bien trop tranchant. Et bien non, l'équilibre était là et la fraîcheur donnait une bonne impression de jus de raisin juste pressé qu'un coté floral accompagnait.
Le perlant du vin a aussi très agréablement enchanté la dégustation. Par contre attention car une cuvée de cette trempe descend à une vitesse phénoménale !!!
Bon je ne vous parle pas des plateaux de charcuterie et fromage pour l'apéro du soir, du saumon, du brie truffé et autre coppa, sinon vous allez avoir faim alors que ce n'est pas l'heure.

Alors si vous passez par La Réunion ou que vous habitez sur cette merveilleuse île et que vous êtes amateur de vin, Les caves du soleil est une étape obligatoire. Maintenant si vous êtes en métropole c'est dans les vignes qu'il faut "courir" pour savoir ce que le mot vigneron signifie réellement.