mardi 7 juillet 2015

Marc Castan, l'humilité et la simplicité permanente


J'ai rencontré régulièrement Marc Castan sur des salons ces 4 dernières années et je ne pensais pas qu'il avait fait autant de chemin dans sa démarche vigneronne tournée vers la nature depuis ses débuts en 2009. Seulement voilà, ce vigneron est tellement humble et discret que c'est en allant sur ses terres de La Palme que je viens de m'en rendre compte.
Sur 14 hectares de vignes taillées majoritairement en gobelet, il arrive à faire deux blancs, un rosé, cinq rouges et deux pétillants naturels. Et puis quand il en a envie, il peut aussi faire
un muscat. Il y en a qui pense que ça fait beaucoup, moi je dis que lorsque l'on aime,
on ne compte pas.
Il a pas mal de parcelles en bord de mer sur des sols de galets roulés, une vigne sur le plateau de calcaire de Leucate et deux sur les contreforts des Corbières. Les 8 vaches qui s'y "baladent" une bonne partie de l'année lui donnent quasiment un statut d'éleveur en plus de son travail à la vigne.
Elles ont donné naissance à deux veaux dernièrement.
Il travaille les sols avec son motoculteur et apporte un composte qu'il fabrique lui-même à base du marc de ses raisins et du fumier de Cali, Miss, Cendy et tout le troupeau de vaches Highlands du domaine.
Les rendements sont assez bas sur le domaine Mamaruta, aux alentours de 20 hectos à l'hectare. Marc a pris la voie de la biodynamie et il prépare les traitements pour ses vignes lui-même à base de plantes alors quand je lui parle du pissenlit que je fais en confiture, il rigole car lui il l'utilise aussi mais dans ses préparations. Vendanges en caissettes, levures indigènes et très peu d'extraction car Marc n'aime pas trop ça. La cave est vraiment petite, à peine plus grande qu'un garage et chaque chose y a sa place, même Iron qui veille sur le pressoir.




Bon je ne vais pas vous parler de toutes les cuvées mais la fraîcheur des pets nats est très désaltérante surtout sur Oracular 2013 qui donne une bonne place au coté fruit exotique du muscat.
Les 2 millésimes de cacahuète, 12 et 13, donnent une belle part au carignan pour des vins prometteurs mais à attendre encore un peu lorsque le poil à bois fera de nouveau des belles flammes à la maison.
Constellation 2014, majoritairement macabeu, est sur la finesse après un bon carafage et son nez iodé donne par moment des effluves de foin, de gingembre et d'agrumes. C'est légèrement mielleux aussi par moment. En bouche,
après une attaque ronde la fraîcheur et l'acidité emmènent le vin sur un agrume légèrement confit (le citron bergamote certainement) et des épices qui restent.
Le sel peut aussi venir sur la rétro.
La vivacité et le tranchant font ressembler le vin au rostre pointu d'un espadon.
J'aime beaucoup.

Pour finir je me suis bien arrêté sur Les tondeuses un 100% grenache de toute beauté qui demande un peu de carafe pour les non-initiés au vin nature.
Son nez est tout de suite très expressif ou comme dit mon fils Gary :"Ça explose le nez".
C'est plein de fruits et d'épices douces avec aussi la figue, les cerises, le poivre, le fenouille, la garrigue ...
La bouche est d'une belle fraîcheur avec une attaque bien ronde et juteuse surmontée d'un poil d'acidité. Les épices sont omniprésentes et emmènent le vin longuement comme si on entrait dans un long tunnel, un tunnel jalonné à l'infini d’arômes épicés...
Puis le vin vit pour un nez qui bascule sur un coté iodé
et nous transporte au milieu des vignes pour finir cette bouteille avec le bruit des vagues qui chatouillent nos oreilles. En bouche une confiture de prune tout en fraîcheur me fait penser que le vin devient presque un bonbon...
Quelle gourmandise !!!
Ca fait 15 jours que je suis passé au domaine et je crois que je suis devenu maniaco-dépendant des tondeuses car quand j'ouvre ma cave, je ne peux pas m'empècher d'en déboucher une.
Marc Castan est un vigneron d'une grande simplicité qui aime ses terres de bord de mer et dont les vins en constante progression sont à découvrir si vous passer chez un bon caviste du coté de Londres, Paris, Toulouse ou tout simplement Carcassonne, dans la cave à manger d'Arnaud du coté de Lâche pas la grappe.