dimanche 4 septembre 2011

Un autre monde

J'entends parler depuis longtemps du Petit domaine de Gimios et de cette femme qui mène ses vignes comme on peindrait un paysage , en ne s'occupant que de ce qui fait la nature , celle que l'Homme n'a pas encore détruite.
Mme Anne-Marie Lavaysse veille sur quelques hectares du coté de Saint-Jean de Minervois et fait des vins "natures" qui donnent à ce mot tout son sens.
J'ai découvert son moelleux de muscat il y a quelques jours.
Alors je préviens tout de suite ceux qui ont un peu de mal à aborder les vins sans souffre , cette cuvée n'est pas pour vous.
Pour les autres , vous allez découvrir quelques chose d'exceptionnel.
A l'ouverture le vin a pas mal de gaz et le carafage est obligatoire sous peine de voir cette belle bouteille finir à l'évier : j'ai dans mon verre un cidre qui laisse entrevoir des agrumes mais l'acétone masque un peu le tout.
L'attente est de rigueur et 3 heures plus tard , à l'apéro , je redécouvre ce vin plus accessible.
Au nez la pureté des arômes est dans un registre que l'on ne rencontre que très rarement , sur des agrumes confits avec une majorité de citron jaune et une orange charmeuse.
Un coté mielleux passe , puis s'en retourne et revient , comme une abeille.
La verveine , le camphre , des herbes sauvages , le foin et puis ...
Je suis tout en haut d'un grand canyon en train de me délecter de ce doux breuvage.
L'arbre, sur lequel je suis adossé, est juste au bord du vide , en équilibre.
La majorité de ses racines descendent quelques mètres plus bas pour puiser la force de cette terre que les années ont érodées.
Un instant magique propice à la réflexion...

En bouche c'est un moelleux mais avec une acidité qui répond à la douceur tout en touché et en finesse.
J'ai des ronces qui viennent piquer avec délicatesse mon palais que le vin ne quittera pas tout de suite car la longueur fait durer le plaisir.
La rétro sur les agrumes confits est précise et complètement indescente , j'en reveux tout de suite...

L'équilibre ?
Mais je ne peux pas parler d'équilibre tellement c'est hors norme.
Même à 17 ou 18° , on en prend une grande gorgée avant la prochaine qui en appelle encore une autre.
En résumé c'est assez équilibré pour tenir dans un verre si vous voyez ce que je veux dire.

Je n'ai jamais rien gouté qui ressemble à ce grand breuvage qui m'a complètement transporté, mais pas au paradis, non non , juste ailleurs.
Cette bouteille est la clef d'une porte qui s'ouvre vers un autre monde , une autre façon "d'écrire" le mot vin , sans concession ni artifice.
Merci Madame LAVAYSSE.