dimanche 31 mai 2020

L’âme de la terre

L’âme de la terre c'est un vin qui vous embarque avec lui dans la terre, là ou ses racines plongent depuis plus de cent ans puisque c'était même à la fin du dix-neuvième siècle pour ces vieux carignan qui bien souvent ne donnent plus qu'une seule grappe par pied …
C'est une bouteille qui pourrait vous transporter avec elle sur tous les océans, vers des épices d'Inde, 
des senteurs rencontrées à Cuba au détour d'une rue dans la vieille Havane ou des souvenirs d’effluves de votre enfance, à la campagne dans le petit bois derriere chez "mémère Pomme"...
C'est un breuvage qui fait voyager votre âme et vous pousse à ouvrir votre cœur en vous envahissant…

C comme ça! 2014 est tout ça à la fois et même plus encore…

C'est parce que je rencontre parfois ce genre de nectar rare que ma passion pour le vin est toujours intacte depuis plus de vingt ans maintenant.

C comme ça! c'est pas du vin, c'est l'âme de la terre dès l'ouverture de la bouteille avec un nez super complexe et des arômes qui tapissent tellement le verre que l'on a l'impression qu'une planisphère s'est imprimée sur ses parois ou qu'une mappemonde y tourne en vous passant en revue tous les arômes de la terre… 
C'est aussi un voilier qui passe au large, une voile qui flotte au vent avec des arômes de cacahuète et d'amande sur un bref instant.
La bouche est concentrée mais tendue aussi avec une acidité de folie qui emmène la matière sur un long moment pour arriver sur une rétro où le zan s'étale et reste pendant une trentaine de secondes. Je ne suis plus sur terre…
Les tanins qui accompagnent le tout commencent à s'assagir et laissent transparaître un coté sauvage.
Au nez, une belle fraîcheur fait son apparition et c'est le défilé qui commence avec cet arôme de terre omniprésente, l'aneth, la groseille "en pommade", des pétales de rose, le jasmin sur un court instant. Des arômes juste saupoudrés et pourtant l'intensité est là puisque le tout reste un long moment dans le verre même lorsqu'il est vide.
J'ai aussi en continu un sentiment qui se dégage, l'impression que c'est un apothicaire qui a fait cette boisson, pour soigner notre âme.
Deux jours plus tard, le vin est toujours très vivant avec du cuir neuf au départ puis ensuite une belle orange sanguine, un peu de senteur de papier buvard, la banane et toujours… la terre… et puis la pèche, de l'eau de vie, des raisins écrasés, le buis, la framboise… une complexité complètement folle avec des arômes qui s'offrent à volonté et laissent l'imagination vagabonder, décoller…
Le dépôt au fond de la bouteille est plein de bonheur même pour celui qui ne s'y est jamais essayé…
J'ai trouvé l’âme de la terre dans ce vin et si vous voulez pouvoir un jour faire le tour de ses arômes ou juste en découvrir quelques extraits, "sentir" cette terre et peut être rentrer dans ses entrailles, c'est vers ce type de vin qu'il faut se tourner. En tout cas c'est certainement la bouteille qui m'a le plus marquée sur ces dix dernières années et elle hante encore mes pensées alors que je l'ai bue il y a plus de quinze jours.
Merci à Frédéric Palacios de faire des vins qui sont comme lui, proche de la terre, avec une âme particulière... ça rend la vie différente et si belle.




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