Cette cuvée de Frédéric Palacios est certainement le vin blanc que je connais le mieux ..... enfin c'est ce que je croyais !!!
Je connais bien la petite parcelle de chasan où les raisins s’épanouissent accrochée au flan de La Malepère.
J'y suis passé quelques fois l'hiver quand Fred taille (toujours très court) et que le bonnet est plus que de circonstance.
Je m'y suis aussi arrêté au printemps pour voir les bourgeons éclater ou discuter des dernières belles bouteilles dégustées alors que Fred passe la journée à biner l’inter ceps.
J'ai vendangé cette vigne il y a quatre ans et goutté les grappes en les croquant à pleines dents. Les enfants étaient de la partie même si après une heure passée avec le sécateur à la main, ils préféraient souvent trouver refuge dans le petit bois juste au dessus pour y improviser des jeux autour d'une cabane éphémère.
Ce vin j'en bois depuis 2005. A l'époque ça s'appelait Abracadabra. Puis en 2006 c'est devenu Comme par magie, jusqu’à 2008. Une année d'exception pour les blancs dans le sud, l'année ou ce vigneron décide de faire un élevage long sur lies de ses chasans.
18 mois de barrique que je passais goutter de temps en temps avec lui et qui était un vrai pari jamais tenté sur ce cépage.
Un quitte ou double réussi.
J'ai du mal à ne pas boire cette cuvée dans les deux premières années qui suivent la mise. J'ai du boire une ou deux 2010 qui avaient passé 4 ans dans ma cave. Un exploit tellement je suis gourmand de ce genre de bouteille.
Et puis...
Et puis, à grande occasion, grande bouteille. Juste avant mon départ pour La Réunion et un changement de vie radical, un apéro/repas était au programme chez les amis Palacios.
Ce genre de soirée est souvent la promesse de vins qui "résonnent" en moi pendant plusieurs jours. C'était il y a trois semaines et j'ai toujours en mémoire l'émotion d'une bouteille bue à l'aveugle ce soir là.
A l'ouverture je pense tout de suite à un vin nature car la croûte de fromage à toute sa place
au nez......puis elle disparaît...
Je pensais à un vin de chez M Castex, c'est loupé.
La suite est une succession du panel aromatique que peut exprimer l'orange. C'est la peau d'orange qui domine quand même, des
oranges qui alimentent un fleuve sacré qui coule vers une
mer de douceur et de calme. A la vision de cette mer en paix, l’âme des hommes
devient enfin plus grande et s’apaise.
Je pense au blanc de Didier Barral mais c'est pas ça non plus. La fraîcheur est là, on voit que c'est tout de même un peu cadré et il y a aussi un léger coté oxydatif qui vient mettre son grain de sel.
Je situe ce vin dans le Sud depuis le départ et je pense qu'il a bien passé les 5 ans mais j'ai du mal à savoir qui a bien pu faire un tel vin ... Si il n'y avait pas eu cette réduction sur la croûte du fromage j'aurais bien dit que c'était un vin de Christian Chabirand car même si il est en Vendée, ses vins peuvent avoir des airs sudistes.
Si je devais donner trois mots sur ce vin ils seraient : nature, peau d'orange et Grand mais ça ne fait pas avancer ma recherche ...
Alors...
Et bien c'est un "Quitte ou double" incroyable de 2008 !!!
Une sacrée claque qui vous rappelle que l'humilité est de mise lorsque l'on "parle" de vin.
Je n'aurai jamais cru que cette cuvée puisse garder autant de corps et en même temps autant de fraîcheur après 8 ans. Ce 2008 est sans souffre car la nature et l'évolution de la vinification ont permis cette année là au vigneron, d'aller jusqu'au bout de sa démarche vers des vins sans artifice.
Ce vin est vraiment une bouteille à la mer pour tous les vignerons qui cultivent des cépages et des terroirs méconnus et ceux qui auront la chance de pouvoir lire dans ses effluves, entre ses grains et pourront suivre le trajet de sa sève jusqu'au plus profond de ces racines, passeront un sacré grand moment de bonheur.
En tout cas il est maintenant ancré dans ma mémoire des vins qui m'ont le plus marqués comme le premier Barral tradition que j'ai bu, un Yqem 1989 qui me hante encore après plus de 10 ans, un blanc de Savoie de chez Berlioz complètement fou ou un Campagnès 2008 de Maxime Magnon d'une grande classe.
Merci M Palacios pour cette grande bouteille, si je ne t'avais pas connu je n'aurai fait que boire du vin ...
ou pas.