lundi 11 mars 2019

Au milieu de nul part...Fernskloof

Il y a des moments, on ne sait pas pourquoi, un vin vous tombe dessus et vous marque tellement que vous en parlez à tous ceux qui veulent bien vous écouter.
Ce vin vous pouvez l'avoir découvert chez un ami qui voulait vous faire connaître sa dernière trouvaille, au restaurant avec un sommelier un peu pointu qui fait tout pour sortir des sentiers battus ou bien chez un copain caviste qui a toujours un petit temps d'avance parce que c'est son métier et qu'il est passionné.

Le domaine Ferskloof je l'ai découvert ... par pur hasard, dans un village d'Afrique du Sud qui répond au doux nom de Prince Albert. Une pause déjeuner au pied des montagnes du Swartberg qui s'imposait après avoir roulé une heure dans la zone semi-désertique du Little Karoo.
Au Lazy Lizard, un petit resto bien sympa qui était sur le guide du routard, ce sont les produits de la région qui sont mis en avant et fort bien d'ailleurs puisque nous nous sommes régalés. Sur le coup, on devait juste grignoter un petit truc mais lorsque j'ai vu cette bouteille estampillée Organic Wine, je me suis dit qu'on allait goûter un verre et que l'on repartirait avec un doggy bag. A 86 rounds (à peine 6€), je ne m'attendais pas à un miracle mais c'était pour voir à quoi pouvait bien ressembler un vin du coin... et bien si, je venais de traverser un désert et ce pinotage était un vrai miracle. Un vin gourmand qui démarre sur le cépage pour ensuite basculer sur une vraie identité de vin d'auteur avec la texture d'une guimauve pour une bouche qui se prolonge sur une finale toute en douceur ... incroyable !!!
Malgré les 15.5 degrés et la chaleur, la bouteille est descendue toute seule et j'ai vite couru chez le petit caviste qui était un peu plus loin dans la rue pour acheter quelques bouteilles des différentes cuvées de ce domaine.
Un soir, quelques jours plus tard, j'ai ouvert le shiraz sur un pavé d'autruche grillé au barbecue.
C'est tout de suite la précision qui domine ce vin. Que ce soit au nez ou en bouche, les choses sont immédiatement en place et en même temps, avec l'aération, le vin va vivre et devenir intrigant, se dévoiler avec retenu et laisser transparaître des choses insoupçonnées.
Le cépage domine au départ avec des fruits rouges et un grain de poivre qui sont bien présents au nez. Puis le vin va basculer vers ''ses origines'' avec l'amande, la garrigue et une cerise qui emporte tout sur son passage. Un coté métallique et des violettes passent par moment et une belle orange sanguine viendra mettre son grain de sel après une demi-heure.
La bouche a une attaque franche et bien fondue avec un coté étroit qui donne l'impression de ça va être court ... mais ça reste bien là et le vin prend du volume en "s’élargissant". Les tannins sont fondus et un fil très fin d'acidité guide le tout vers une petite rétro légèrement mentholée. Les 14° sont complètement oubliés tellement ils sont bien intégrés.
Après 1 heure, le nez est plein de fraîcheur et la bouche est grande, large et persistante pour une impression de bonheur simple, avec un joli grain de raisin qui reste sur le palais.
Le vigneron a pris le pouvoir sur ce très beau vin addictif qui pour environ 7€, a un rapport qualité prix imbattable !!!
Ce shiraz 2016 est ma plus belle découverte d'Afrique du Sud et je n'ai qu'un regret c'est de ne pas avoir eu le temps de rencontrer Diederik Le Grange, ce vigneron qui descend directement des Huguenots et dont le domaine Fernskloof se trouve à une dizaine de kilomètres de Prince Albert, dans la vallée du même nom, au milieu de nul part... Ça sera peut être le prétexte d'un nouveau décollage vers ce joli pays à l’extrême pointe méridionale de l'Afrique Australe, on se sait jamais...