Et puis il y a des gens qui sont plus modestes et qui s'efforcent de faire du vin avec le terroir que la vie et la nature a bien voulu leur prêter. Christian Chabirand en fait partie et j'aime quand il me dit qu'il essaye de faire des vins de mémoire.
Cela ne m'empêche pas de penser qu'en bas Poitou, au pied du marais poitevin, il a du découvrir un vrai terroir d'exception sur sa colline qu'il a baptisée La Chaume tellement les blés chauffés par le soleil devenaient blonds ... avant qu'il n'y plante des vignes bien sur.
Autant vous le dire tout de suite, ce vin m'a complètement transporté et rendu "dingue" par moment.
A l'ouverture le vin est un peu muet même si je sens encore un peu de fruit. La bouche est fuyante. Je vais donc laisser la bouteille ouverte et attendre ...
Le lendemain, tout est en place et une grande sensation de plénitude se dégage du nez.
J'ai l'impression d'avoir une place au premier rang d'un spectacle unique, effémére et d'une telle ampleur que la planète entière aurait voulu assister à cette seule représentation.
Et puis le nez a aussi de la pâte d'amande, des violettes, un passage sur la terre mouillée et la menthe qui s'invite.
Un cheval au galop passe devant moi.
La bouche fondue est portée par une acidité que la patine veloutée survole. C'est tellement ample que ma bouche est marquée sur un long passage. La finale sur la groseille ponctue un moment de vin rare et racé.
Ça cannelle, ça poivre
ça glisse, c'est charnelle
ça donne des ailes.
C'est un vin tout en touché qui donne une énorme claque si on prend le temps de s’asseoir pour bien voir le chemin qu'il trace. Attendre, c'est ce que ce vin me suggère à l'oreille, attendre et écouter pour que notre âme puisse nous guider dans ce monde qui va trop vite.
Il y a une grande âme dans ce vin, une âme sans main ... qui me tend un bouquet de violettes, une rose ...
je vous parlerai certainement du blanc du domaine d'ici quelques temps mais je pense qu'un grand vigneron se cache derrière cette bouteille et ma mémoire est marquée à jamais ...